Dimanche 7 mai 2017
Mais que font-elles ???
C'est dimanche et c'est le jour de congé des "maids" (employées de maison, venues en majorité d'Indonésie ou des Philippines).* Un jour par semaine, elles doivent quitter le logement de leur employeur et se retrouvent dans la rue... Elles passent alors la journée à papoter, prendre des nouvelles du pays, commenter leur semaine, mais surtout parler leur langue et manger leurs petits plats nationaux favoris... C'est le "Jour Off" où leur vie privée est rendue publique et visible aux yeux de tous !!!
Des femmes, jeunes et moins jeunes, célibataires, divorcées ou mères de famille, issues des barrios philippins et des kampungs indonésiens, catholiques pour les unes, musulmanes pour les autres, parfois instruites et diplômées, parfois non, qui quittent leur famille et leur pays. Elles le font pour s’occuper, (pour des durées minimums de deux ans mais qui se prolongent parfois jusqu’à plus de vingt ans), de familles chinoises ou d’expatriés, chez qui elles logent pour veiller sur les enfants et/ou les personnes âgées, handicapées ou malades, ainsi que d’éventuels animaux domestiques, tout en effectuant les courses, la cuisine, le ménage, le repassage, le nettoyage des vitres, le lavage de la voiture, de l’aquarium ou de la niche du chien, etc.
Ces femmes travaillent près de 70 heures par semaine, se lèvent à 5 heures du matin et se couchent tard dans la nuit, six jours sur sept, pour veiller sur des foyers et des personnes qui ne sont pas les leurs, dans le but d’aider leur famille restée au pays et qu’elles ne peuvent pas faire venir à Hong Kong. Et même un tiers d'entre elles ne bénéficie pas des 24 heures obligatoires de repos hebdomadaire...
À Hong Kong, où les densités de population et les conditions de logement sont particulièrement difficiles, elles ne disposent que très rarement d’un espace privé, dormant trop souvent dans des espaces de fortune, tels que le couloir, l’entrée, la cuisine, la salle d’eau ou la buanderie ou le balcon, ou sont obligées de partager une chambre avec les enfants ou les personnes âgées.
Cette obligation de loger chez son patron a également pour conséquence de favoriser des abus que les victimes n’osent pas souvent dénoncer. Le Centre pour la Justice, une organisation de défense des Droits de l'Homme (hum ! droits de la femme, devrait-on dire !), estime que 50 000 domestiques, sur un total 300 000 employées de Hong Kong, sont réduites à l'état d'esclaves.
L'intérieur de la tour HSBC vaut le coup d'œil architectural... mais les étages sont fermés le dimanche, et le rez-de-chaussée est alors envahi par ces femmes qui pique-niquent, dorment, mangent...
Un peu plus loin, Place Statue Square on croise d'autres groupes... Il mouillassait ce matin et elles se mettent à l'abri... Les cartons pour s'asseoir, s'allonger, sont prévus...
Impressionnant, émouvant !!!
* Le très intéressant roman de Pierre-Alain Gasse : "L'Indonésienne, Singapore maid" (Editions de la Remanence - 2015) relate les conditions de travail d'une "maid" à Singapour... mais c'est le même principe à Hong Kong.
A suivre : HONG-KONG : Bye Bye...
Si je comprends bien, elles sont obligées de faire place nette en emportant leurs bagages…
RépondreSupprimerJe ne sais si elles doivent emporter leurs bagages. (Je ne me suis pas posée la question !!! Elles amènent en tous les cas tout ce qui peut les occuper une journée entière... quelle que soit la météo...
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